Cette œuvre abstraite de Charlotte Pivard se distingue par une harmonie subtile entre couleurs pastel et teintes éclatantes, juxtaposant le jaune de Naples, le rose poudré et l’orange lumineux. Sa composition horizontale, aux pinceaux larges et fluides, évoque l’atmosphère d’une aube impressionniste à la manière de Claude Monet ou les paysages vibrants de Turner, tout en s’inscrivant dans une démarche contemporaine proche de Rothko et de l’abstraction lyrique. Les blocs de couleur, qui se fondent et se chevauchent, rappellent la recherche picturale sur la lumière chère aux artistes du XIXᵉ siècle, mais aussi l’idée de l’« intervalle » décrite par Gaston Bachelard dans La poétique de l’espace : un espace ouvert, invitant à la rêverie et à l’interprétation.
L’usage audacieux de l’espace négatif et des contrastes colorés confère à la toile une dimension presque philosophique, où le vide devient matière et où l’œil voyage librement, comme dans les méditations de Paul Klee sur la couleur et la forme. Cette peinture contemporaine de Charlotte Pivard dialogue ainsi avec l’héritage des avant-gardes du XXᵉ siècle tout en ouvrant sur un univers onirique proche des descriptions de l’aube dans la poésie de Paul Éluard ou de Rainer Maria Rilke. Entre sérénité contemplative et infinité des possibles, cette œuvre invite le spectateur à une expérience sensorielle et introspective unique, reflet d’une symphonie picturale orchestrée avec maîtrise.